La question des notions de ville et de campagne, d’urbain et de rural, dans leurs définitions et leurs relations, constitue un objet central des études géographiques. La caractérisation des relations entretenues par ces deux types d’espaces a fait l’objet de nombreux travaux, mettant l’accent sur les logiques de continuité ou de discontinuité, d’hybridation, sur les effets de couple, de gradient, de continuum, selon les contextes. Notre objectif est de revisiter ces notions et la façon dont elles ont été utilisées et sont aujourd’hui encore centrales dans des nombreuses recherches et pour de nombreux acteurs politiques et socio-économiques. Nous relisons les analyses et les expériences de terrains investis au long de notre parcours, dans certains pays d’Afrique subsaharienne et en France et formulons des pistes de recherche. A travers les « mots », il s’agit de voir ce que cachent les termes utilisés et comment ils évoluent dans le temps. Leur analyse éclaire largement les orientations de la recherche et permet un nécessaire recours à un état de l’art situant cette approche personnelle dans un contexte plus large. Les « lieux » et les « liens » insistent sur la catégorisation des espaces et sur les liens qui les structurent. Que nous disent les liens actuellement entretenus entre espaces urbains et ruraux sur les enjeux de territorialisation ? Les territorialités actuelles, nourries par la mobilité et la mise en réseau, ne cessent de remettre en question les territoires définis et bornés, la ville et la campagne, en les dépassant mais sans parvenir à s’en passer. Enchevêtrement des échelles, brouillage des limites, éclatement des espaces de référence et des ancrages marquent ces logiques archipélagiques et réticulaires. Le mémoire « inédit » se structure en trois parties. Dans un premier temps, à partir d’analyses bibliométriques et bibliographiques, nous revenons sur la place de notre thématique dans la recherche en géographie, afin d’en saisir les évolutions conceptuelles chronologiques. Du couple « ville-campagne » aux « nouvelles ruralités » en passant par les relations « urbain-rural », caractériser ce qui se noue entre les territoires semble, actuellement, plus flou que jamais tant les configurations territoriales paraissent mouvantes. Cet état de l’art permet ensuite d’envisager la place des petites et moyennes villes dans ces relations ville-campagne. Maillons classiques et structurants de cette chaîne relationnelle à la fois verticale (logique hiérarchique) et horizontale (logique spatiale), ces niveaux urbains font également l’objet d’évolutions importantes et parfois contradictoires, entre valorisation et risque de relégation. Au final, c’est la prise en compte des reconfigurations territoriales générées par la contemporanéité des liens urbain-rural dans les enjeux d’aménagement et de développement qui est analysée. Le passage d’une vision dichotomique à des actions d’articulation, basées sur l’inter-territorialité n’est pas chose aisée, ni en théorie, ni en pratique. L’importance de recompositions multidimensionnelles, qu’elles soient programmées politiquement ou qu’elles relèvent d’usages des habitants, conduit à adapter les façons de penser l’action territoriale.