The laboratories of ‘social peace’: actors and issues of social regulation (Grenoble, 1842-1938)
Les fabriques de la "paix sociale". Acteurs et enjeux de la régulation sociale (Grenoble, 1842-1938)
Résumé
This PhD analyses the forms of social protection regulation implemented by local actors in Grenoble (French Alps) in the 19th century and in the first half of the 20th century. In the eyes of the elite, who participates more or less actively in their creation according to the socio-political circumstances, this regulation needs to assure the ‘social peace’. The population considered at risk is thus concerned in the first place: craftsmen during the 19th century, and the population of industry workers in the first half of the 20th century.
The specificity of this research resides in its micro historical methodology. On the one hand, it investigates individual and collective actors conceiving and managing the regulatory organisms, as well as their life’s course, knowledge and know-how. On the other hand, it enquires the beneficiaries of those organisms, their life routes and the protection strategies they deployed.
This work shows that collective protection regulation emancipates from its social environment at the end of the 19th century. This emancipation is both physical and social. At the turning point of the 19th and 20th centuries, the knowledge and know-how of the popular social class are disqualified, to the benefit of a form of objectification of social policies. This objectification, conducted by the new republican elites, is implemented apart from its social terrain and the strategies of social regulation. As of the dawn of the 20th century, the popular classes still participate only marginally in the management of social policies.
Cette thèse traite des formes de régulation sociale mises en œuvre par les acteurs grenoblois au XIXe siècle et au cours de la première moitié du XXe siècle. Pour les élites, qui participent plus ou moins activement à leur élaboration en fonction du contexte sociopolitique, ces formes doivent assurer la « paix sociale ». Ces dernières s’adressent en priorité aux populations qu’ils jugent à risque : les gens de métiers au XIXe siècle, puis les populations ouvrières qualifiées de l’industrie au cours de la première moitié du XXe siècle. La spécificité de cette recherche réside dans sa démarche microhistorique. Elle s’attache, d’une part, à l’étude des individus et des acteurs collectifs qui conçoivent et administrent les organismes de régulation, à leurs parcours, savoirs et savoir-faire. Elle porte également son attention aux acteurs qui bénéficient de ces organismes, à leurs itinéraires et stratégies de protection.
Ce travail montre que la régulation sociale se désencastre de ses milieux d’application à la fin du XIXe siècle. Ce désencastrement est physique et social. Au tournant des XIXe et XXe siècles, le savoir et le savoir-faire des catégories populaires sont disqualifiés au profit de l’objectivation du social, celle-ci étant jugée plus à même de régler la question sociale. Cette objectivation, conduite par les nouvelles élites républicaines, est réalisée en dehors des terrains d’application des politiques de régulation sociale. Dès le début du XXe siècle, les catégories populaires ne participent plus que marginalement à l’administration du social.
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