Comment la professionnalisation des services urbains municipaux modifient-elle la médiation des intérêts sociaux entre gouvernant∙es et gouverné∙es ? Selon une approche socio-historique, j’analyse l’ancrage social et territorial de ce personnel municipal à Vaulx-en-Velin, qui nourrit son rôle professionnel au sein de l’administration. La professionnalisation de ces agent·es, leur proximité avec des « pairs » évoluant dans d’autres institutions, encouragées par une mobilité liée à l’évolution des carrières, contribue à les désencastrer pour partie du territoire et induit une série de reformulations des enjeux de transport sur la commune. Enfin, à partir d’une ethnographie de l’institution, j’examine l’activité de “passage” de catégories de perception des problèmes en matière de déplacements urbains. À mesure que des agents municipaux se légitiment par des compétences valorisables sur d’autres territoires, les transports deviennent un levier de marketing territorial plus qu’un investissement à destination des classes populaires. Ces transformations, non seulement affectent les manières de définir les préoccupations municipales, mais rendent le politique plus perméable aux grilles de lecture hégémoniques des problèmes sociaux.