Si les inégalités dans l’accès à la propriété, qu’elles relèvent des difficultés à devenir propriétaire (Bugeja-Bloch, 2013) ou des contraintes que rencontrent les accédants de milieux populaires (Lambert, 2015, Girard et al. 2013) sont régulièrement pointées comme l’une des causes centrales du creusement des inégalités socio économiques (Piketty, 2013), les différenciations entre propriétaires immobiliers apparaissent moins étudiées. Certes, les travaux de l’INSEE distinguent entre les propriétaires ayant fini de rembourser leur emprunt et ceux qui en supportent encore la charge. De la même façon, la publication récente de données sur les multipropriétaires (André et al, 2021) a suscité un nouvel intérêt pour cette catégorie de propriétaires. Néanmoins, peu d’études cherchent à mettre en rapport ces différentes catégories de propriétaires en comparant leurs trajectoires patrimoniales. La communication que nous proposons a pour objectif de mieux appréhender ces différenciations internes au groupe des propriétaires de leur logement. Elle s’inscrit dans le premier axe de l’appel à communications. Elle se décline en deux points. Le premier point vise à établir une typologie des propriétaires immobiliers en fonction de leur situation patrimoniale saisie par la combinaison de trois critères : le fait d’être accédant ou d’avoir été propriétaire par le passé, le fait d’être en cours de remboursement ou d’avoir terminé le remboursement de son emprunt, et le fait d’être mono ou multipropriétaire (en distinguant pour ces derniers la propriété d’une résidence secondaire et celle d’un ou plusieurs logements locatifs). Nous verrons comment les caractéristiques socio-démographiques des ménages et les temporalités de leurs acquisitions expliquent la diversité de ces situations patrimoniales. Le second point traité porte sur la manière dont les variations contextuelles contribuent à différencier les situations patrimoniales et les dynamiques d’accumulation : les conditions locales de marché se traduisent en effet pour les propriétaires par des opportunités et des contraintes spécifiques (Le Goix et al., 2021) qui peuvent infléchir leurs trajectoires patrimoniales et se traduire schématiquement par une distinction entre des « gagnants » et des « perdants » du marché immobilier. Le matériau mobilisé pour traiter ces deux axes est issu d’une recherche en cours sur les inégalités patrimoniales (https://wisdhom.hypotheses.org/). Il se compose d’une enquêté par questionnaire menée par voie postale et ayant recueilli 1427 réponses de propriétaires, complétée par 90 entretiens auprès de propriétaires ayant répondu au questionnaire. Cette enquêté a porté sur 12 contextes de marché dans trois agglomérations (Paris, Lyon et Avignon). Dans chacune de ces agglomérations, quatre types de terrains ont été ciblés en fonction des dynamiques de marché observées depuis le début des années 2000 : urbain valorisé (connaissant des prix élevés depuis longtemps et orientés à la hausse), urbain diversifié (caractérisés par un grand nombre de transactions, des segments de marché contrastés et une forte présence des dispositifs publics d’incitation à l’investissement immobilier), périurbain dynamique (notamment marqué par une activité de construction neuve élevée) et périurbain incertain (où la construction est relativement faible et dans lesquels les variations de prix ne font pas ressortir de tendances bien nette).