Dans un monde parfait, la peine de mort serait abolie et des entités non étatiques ne prononceraient pas de sentences capitales. Mais les situations dans lesquelles des autorités de fait prennent le contrôle sur une partie du territoire d’un Etat sont l’antithèse d’un monde parfait. Face à de telles situations, la meilleure solution serait d’interdire aux entités non étatiques de condamner à mort. Il n’est nul besoin d’être de nature pessimiste pour admettre que cet interdit ne serait pas nécessairement respecté. Une solution plus pragmatique consiste à admettre que le droit humanitaire fournit une base légale permettant aux groupes armés de condamner à mort, sous réserve du respect des standards internationaux en la matière. Dans le prolongement, il pourrait être admis que des obligations relatives aux droits de l’homme pèsent sur les acteurs non étatiques, qui sont tenus de respecter aussi les normes encadrant le recours à la peine de mort posées par le droit international des droits de l’homme. Certes, la solution est loin d’être optimale. Pour commencer, le non-respect des normes internationales pourrait tout au plus donner lieu à l’engagement de la responsabilité pénale individuelle des membres du groupe, au niveau national ou international. Compter sur l’adhésion spontanée des acteurs non étatiques aux normes encadrant le recours à la peine de mort serait une option, l’intérêt pour eux étant d’en tirer une forme de légitimation qui pourrait faciliter leur acceptation par la communauté internationale. Une telle légitimation est théoriquement possible, mais politiquement délicate.