En Afrique subsaharienne, les études académiques sur les mouvements locaux de marchandises sont rares, et les transports locaux de fret sont quasi-absents des processus de planification urbaine. Ils sont pourtant au cœur du fonctionnement des économies urbaines. Les raisons de ce relatif désintérêt sont diverses. Parmi celles-ci, notons le fait que les transports de marchandises sont fortement imbriqués aux schémas de déplacements quotidiens des citadins, ou encore l’absence de données spécifiques permettant d’en mesurer les flux ou d’en analyser les déterminants comme les modalités de réalisation. Dans ce contexte, cette communication propose une analyse secondaire de différentes enquêtes quantitatives et qualitatives menées en Afrique de l’Ouest et centrale dans le champ de la mobilité quotidienne des personnes. Notre objectif est, à travers ce prisme, de mettre en exergue quelques enjeux et traits saillants liés aux mouvements quotidiens de marchandises dans les grandes villes d’Afrique. Les mobilités de personnes accompagnées de marchandises lourdes ou encombrantes dans le cadre de leur travail se révèlent fréquentes, de l’ordre d’une à plusieurs fois par semaine. Cela concerne notamment les actifs et actives de l’économie informelle (commerce de détail alimentaire ou non alimentaire, artisanat de production, bâtiment – travaux publics). Dans un contexte de rareté de l’espace public dévolu à la logistique urbaine et d’encombrement des voies de circulation, notamment dans les espaces de commerce centraux, les modes de déplacement non motorisés (marche à pied le plus souvent, mais également calèches et autres charrettes, à Dakar), et les modes de transport informels exploitant de petits véhicules (motos-taxis, taxis collectifs, triporteurs) sont particulièrement sollicités. L’importance des mobilités urbaines mixtes personnes – marchandises apparaît clairement, tout comme les difficultés rencontrées par les citadins dans ces déplacements et le caractère genré de ces mobilités mixtes en fonction du type de marchandises transportées. Ces résultats plaident pour une meilleure prise en compte des mobilités des marchandises et des liens qu’elles entretiennent avec les mobilités quotidiennes, dans la recherche, comme dans l’aménagement des villes africaines.