Les réflexions sur une planète finie sont anciennes-de Malthus au Club de Rome en passant par Arrhenius ou Vernadsky-mais la planète a longtemps été plutôt considérée comme un réservoir de ressources inépuisable, alimentant le mythe d'une croissance infinie. Jusqu'aux années 1980, les pollutions sont considérées comme à la fois locales et solvables. La découverte des menaces globales, d'abord avec le mitage de la couche d'ozone, puis avec les changements climatiques, constitue un choc de ce point de vue. Et nous voilà brutalement précipités dans l'Anthropocène, cette nouvelle ère géologique succédant à l'Holocène, qui serait caractérisée par l'empreinte de l'homme, devenu une force géologique et dont les impacts seraient le principal marqueur de cette nouvelle époque 1. Les travaux sur les limites planétaires sont lancés par des scientifiques du Stockholm Resilience Center dans les années 2000. L'équipe se demande alors quels sont les paramètres qui ont permis au système terre d'être stable dans l'Holocène, soit durant les 11 000 dernières années. Les scientifiques du système terre analysent la planète comme un système global cybernétique dans lequel de nombreux éléments agissent, interagissent, rétroagissent. C'est un système qui s'autorégule et c'est précisément ce qui a permis de maintenir un état stable durant toute la période de l'Holocène. En 2009 parait l'article fondateur de Rockstrom et al. dans Ecology and Society 2. Selon ses auteurs, la Terre présenterait neuf seuils biophysiques définis comme des transitions non linéaires dans le fonctionnement de systèmes humains-environnementaux couplés 3. Il s'agirait de véritables limites ou frontières, non sans liens entre elles, à ne pas dépasser pour éviter des modifications brutales et potentiellement catastrophiques et largement imprévisibles de l'environnement. Les limites identifiées portent sur :-le changement climatique,-la couche d'ozone dans la stratosphère,-l'acidité des océans,-les transformations de l'occupation du sol,-la perte de biodiversité,