"Islam et musulmans ne cessent de défrayer la chronique en France au moins depuis le milieu des années 1980. Ils sont au cœur d’intarissables polémiques et controverses où se mêlent des considérations multiples, d’ordre culturel sinon civilisationnel, politique, idéologique et sécuritaire. Cela donne généralement lieu à des débats fortement polarisés, à l’intérieur comme à l’extérieur du champ académique. La survenue et le renforcement du terrorisme domestique depuis 2012 n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur le feu, empêchant tout débat véritablement raisonné, fondé sur des faits et des développements précis. Dans cet article, nous essayons de nous extirper de deux tendances explicatives qui cèdent souvent le pas à des lecture et interprétation unilatérales ou manichéennes de l’islam et des musulmans. Celles-ci pèchent soit par surinvestissement de la question islamophobe, soit par surdétermination du poids idéologique de l’islamisme parmi les musulmans de France. Si l’islamophobie, comprise comme discours ou actes discriminatoires à l’encontre d’individus en raison de leur appartenance réelle ou supposée à l’islam, est une réalité sociale objective, il convient également d’envisager les discours de certains leaders islamistes qui peuvent entretenir, consciemment ou non, des porosités avec la violence, suivant les acteurs, les moments et les contextes."