Dans les représentations collectives, la SNCF demeure un bastion syndical, voire l’un de ces derniers bastions compte tenu de la désyndicalisation – assez générale en France et en Europe –depuis une trentaine d’années. Elle est aussi le foyer de grèves récurrentes qui polarisent l’actualité et traduisent une approche des relations sociales en termes de luttes semblant elles aussi, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, appartenir à un autre temps. Tout cela confère à l’entreprise ferroviaire une certaine coloration, une image de chaudron social régulièrement en ébullition, qui a fini par supplanter une vision plus moderniste ou technologique de la SNCF. Cette représentation peut alimenter un « cheminot bashing », autrement dit la critique anti-cheminot : l’entreprise serait absorbée, sinon accablée, par une régulation sociale datée et ruineuse, à contre-courant des pratiques contemporaines du management ou de la gestion des ressources humaines, ce qui met en jeu son devenir et justifie des réformes récurrentes. Ce chapitre fait le point sur ces "questions" sociales et notamment sur la syndicalisation et le recours à la grève des cheminots de la SNCF.