Construire une mémoire urbaine : les cartulaires municipaux bordelais et libournais (XIVe-XVe siècle)
Résumé
Les édiles municipaux bordelais et libournais élaborèrent des cartulaires municipaux incarnant, à des degrés divers, la mémoire des communautés de bourgeois et du pouvoir de leur jurade : le Livre des Bouillons et plusieurs variantes du Livre des Coutumes à Bordeaux, le Livre Velu à Libourne .
À la fin du XIVe et au XVe siècle, ces deux communes de Guyenne eurent recours à une pratique documentaire spécifique, et innovante dans cette aire géographique pour ce type d’institutions, la réalisation de cartulaires, afin de construire la mémoire urbaine que leurs édiles souhaitaient conserver et transmettre.
En effet, bien que copiés, souvent sur plusieurs décennies, dans des contextes variés (éloignement du pouvoir royal anglais, reprise de la ville par le souverain français, etc.) et cumulant parfois plusieurs fonctions (juridiques, archivistiques, identitaires, etc.), tous sont la conséquence d’une construction réfléchie à des fins a minima partiellement mémorielles. Cette volonté est induite par leur matérialité (matériau, format, mise en page, décor), mais également par la structure suivie pour leur élaboration (regroupement d’actes par thèmes, articulation concentrique des rubriques du Livre Velu, etc.) ou, parfois, l’insertion de documents et d’ensembles thématiques sacralisant le pouvoir municipal (page juratoire, Évangiles, etc.) ou offrant une relecture orientée de l’histoire de la ville (Histoire de Cenebrun, Chronique de Guyenne, etc.).