L'actualité récente donne à voir plusieurs exemples de la montée d'un souci des animaux. Qu'il s'agisse de la diffusion des vidéos de l'association L214, des débats autour du végétarisme et du véganisme, ou encore de l'inscription dans le code civil de la notion d' "être vivant doué de sensibilité" à propos des animaux, une forme de concernement vis-à-vis des animaux et de leur sort est rendue de plus en plus visible. La particularité de ce concernement est qu'il ne se formule généralement pas en termes environnementaux. C'est ce qui, par exemple, explique sans doute en partie le fait que les travaux en histoire environnementale ne se soient pas intéressés à la SPA, ou encore que la sociologie de l'environnement fasse très peu mention de la protection animale et de ses spécificités (Kalaora et Vlassopoulos, 2013 ; Boudes, 2006 ; Barbier et al. (Dir.), 2012). Quelles sont les relations entre « question animale » et « question environnementale » ? Partant d’une analyse relevant principalement de la sociologie des mobilisations, nous montrons que (1) bien que la cause animale ne semble pas soluble dans la question environnementale d'un point de vue sociohistorique (Jasper & Poulsen, 1995), (2) les registres de dénonciation et les argumentaires « pro-environnementaux » et « pro-animaux » coexistent et s’articulent parfois (Dubreuil, 2013) selon des motifs encore mal renseignés tant par la sociologie de l’environnement que par la sociologie des relations humains/animaux.