Quel modèle de développement régional pour le Massif Central à l’époque romaine ? Essai d’application du modèle « centre/périphérie » au cas de la cité des Arvernes
Résumé
The paper presents a review of knowledge on the countryside of the city of Arverni between the second century BC and the 2nd century AD trying to highlight the heterochrony and geographical disparities of their development. It will question the relevance of the application of the concept of development to the study of rural spaces, the rhythms and the modalities of their development during the period under consideration, the scales of time and space at work in the development process, and will try to answer the following question: is the heterogeneity of rural areas the result of possible inequalities of development or of a better integration of rural areas within an economic system based on the complementarity of resources? Among the factors of development considered, particular attention will be paid to the role played by the urban markets (chief town and small towns), the communication routes (terrestrial and fluvial), the resources available in contrasting environments (complementarity between plain and mountain) as well as the protohistoric heritage. The use of the "center / periphery" model of John Friedmann (1966) will make it possible to sketch a typology of the dynamics of development, and to ask some essential questions. To what extent have processes of concentration for the benefit of towns contributed to the polarization of space in the cities of the Roman provinces? To what extent does this polarization imply unequal development of the center and the periphery? To what extent does this possible uneven development result from the exploitation of the periphery by the center? How much are the center and the periphery interdependent? Have economic spaces developed over several cities? If so, have they been able to generate new centers? All these questions are subsumed under a fundamental question: what was the real degree of integration of the ancient economy at the regional level? Friedmann's model can be used heuristically as a descriptive and analytical tool to highlight spatial differentiations at the sub-regional scale based on development markers. Particular emphasis will be placed on "model deviations" to highlight the specificities of regional development in Roman times.
L'article présente un bilan des connaissances sur les campagnes de la cité des Arvernes entre le IIe s. av. J.-C. et le IIe s. ap. J.-C., en essayant de mettre en lumière l’hétérochronie et les disparités géographiques de leur développement. Elle s’interrogera sur la pertinence de l’application du concept de développement à l’étude des espaces ruraux, aux rythmes et aux modalités de leur développement au cours de la période considérée, aux échelles de temps et d’espace à l’œuvre dans les processus de développement, et tentera de répondre à la question suivante : l’hétérogénéité des espaces ruraux résulte-t-elle d’éventuelles inégalités de développement ou bien d’une meilleure intégration des espaces ruraux au sein d’un système économique basé sur la complémentarité des ressources ? Parmi les facteurs de développement considérés, une attention particulière sera portée au rôle joué par les marchés urbains (chef-lieu de cité et agglomérations « secondaires »), les voies de communication (terrestres et fluviales), les ressources disponibles dans des milieux contrastés (complémentarité plaine/montagne) ainsi que l’héritage protohistorique. L’utilisation du modèle « centre/périphérie » de John Friedmann (1966) permettra d’esquisser une typologie des dynamiques de développement, et de poser quelques questions essentielles. Dans quelle mesure les processus de concentration au profit des villes ont-ils contribué à polariser l’espace dans les cités des provinces romaines ? Dans quelle mesure cette polarisation implique-t-elle un développement inégal du centre et de la périphérie ? Dans quelle mesure ce développement inégal éventuel a-t-il pour cause l’exploitation de la périphérie par le centre ? Jusqu’à quel point le centre et la périphérie sont-ils interdépendants ? Des espaces économiques ont-ils pu se développer à cheval sur plusieurs cités ? Si oui, ont-ils pu générer de nouveaux centres ? Toutes ces interrogations se subsument sous une question fondamentale : quel était le degré réel d’intégration de l’économie antique à l’échelle régionale ? Le modèle de Friedmann peut être utilisé sur un plan heuristique comme un outil descriptif et analytique pour mettre en lumière des différenciations spatiales à l’échelle infra-régionale sur la base de marqueurs de développement. On insistera tout particulièrement sur les “écarts au modèle” pour faire ressortir les spécificités du développement régional à l’époque romaine.
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