Apparu soudainement au milieu des années 1970, le punk incarne brutalement le rejet de l’establishment ainsi que celui de la contre-culture des aînés et les groupes phares qui l’incarnent, alors englués dans le succès, dans des formes musicales complexes et dans un rapport béat au bonheur introuvable (Peace and love). Générant des postures sidérantes (le public crache sur les groupes ou lance des cannettes de bière sur scène pour manifester son amour), souvent décrit par les médias comme un mouvement violent, une déferlante barbare à consonance délinquante, le punk, qui prône l’urgence et la simplicité des formes, s’engouffre dans la brèche ouverte par l’épouvantail ante-christique des Sex Pistols (« Anarchy in the UK »), les souffrances jouissives des Damned (« Feel the pain ») ou la radicalité politique des Dead Kennedys (« Kill the poor »). Simultanément, cette veine s’abreuve en France aux compositions des Olivenstein, perdus dans l’enfer de la paresse (« Fiers de ne rien faire ») et puise aux sources créatrices d’une multitude de groupes, comme les Vulgaires machins qui revendiquent le droit à « aimer le mal » (2002), ou le groupe « Viol » récemment interdit de concert. Cette posture qui choque les bonnes consciences contribue à faire du punk le fer de lance d’une révolte qui fait sienne les peurs et les violences du monde. En faisant sienne la provocation et en arborant les insignes du mal (croix gammées par exemple) pour mieux les déconstruire, en créant des morceaux qui se nourrissent des maux de notre temps, le punk réinvente depuis quarante ans les manières d’exorciser ces forces destructrices. Notre communication se propose de contextualiser la violence de la scène punk en France et les débats qu’elle suscite tout en analysant finement les grands axes du corpus textuel et musical qui se réfèrent implicitement ou explicitement à la violence et aux différents segments du mal, réel ou fantasmé, qui ronge nos sociétés.