Depuis la démocratisation de 1978, l’Espagne a établi un modèle de relations Eglises-Etat fondé sur la notion d’aconfessionnalité, dont nous avons montré, dans des travaux précédents, qu’il s’agit bien, dans sa philosophie, d’un système laïque, même si des aménagements ont été mis en place. Pourtant, malgré certaines évolutions, en particulier dans les droits accordés aux religions minoritaires, l’on peut s’interroger sur l’effectivité de cette laïcité. Nous poserons cette question au travers de l’examen de la mise en place par le gouvernement socialiste en 2006-2007, d’une nouvelle matière scolaire, l’éducation à la citoyenneté, et des combats autour de cet enseignement, jusqu’à sa suppression annoncée fin 2012. Cette analyse nous permettra de réfléchir aux raisons pour lesquelles, au moins dans les domaines d’action de l’Etat reliés aux question morales et normatives, c’est à dire aux questions que l’Eglise catholique considère comme de sa compétence exclusive, elle continue en Espagne à exercer une influence politique.