Le Care, entendu comme toute activité de soin sur autrui attentive à sa propre réception, est un objet social relativement difficile à appréhender dans le cadre d’une enquête sociologique. Peu valorisé, le travail du Care est banalisé, essentialisé, voire invisibilisé. Pour autant, il serait réducteur de limiter l’analyse du travail du Care à la seule condition sociale fragilisée des femmes qui en sont les auteures. Celui-ci demande un profond engagement subjectif, impliquant un important investissement cognitif et émotionnel. Tout l’enjeu d’une sociologie du travail du Care est alors de rendre compte de cette activité réelle, faite de « petites choses quotidiennes », de « petites attentions ». Donner à voir le travail du Care est d’autant plus difficile que certaines opératrices relativisent elles-mêmes la profondeur de leur activité. Et si l’observation permet parfois de rendre visible ce « travail sentimental », cette méthode n’est pas appropriée lorsque l’accès au terrain est impossible. Cette communication aura alors pour ambition de montrer l’intérêt que peut avoir l’instruction au sosie pour élaborer une co-analyse de l’activité des travailleuses du Care à même de mettre en évidence cette si discrète « attention aux détails » dont elles font preuve. Nos exemples porteront exclusivement sur l’activité des auxiliaires de vie sociale accompagnant des personnes âgées à leur domicile, notre réflexion s’inscrivant dans le cadre de la thèse que nous rédigeons à ce sujet.