De plus en plus mobilisés théoriquement mais peu testés empiriquement, en France particulièrement, les paysages multisensoriels proposent de sortir de l’imposition esthétique du prédicat fonctionnaliste, au profit d'une conception autrement signifiante de la ville, celle de la préhension humaine, donc des ressentirs, expériences et vécus des habitants. Trois méthodes qualitatives (entretiens, parcours et baluchons multisensoriels) ont été mises en oeuvre en vue d’apprécier de tels paysages, chez les habitants et quelques professionnels de projets d’éco-quartiers. Prenant au mot les messages officiels accolés à ces projets, et notamment celui de fonder de nouvelles formes d’habiter la ville, quatre éco-quartiers étrangers différents ont servi de terrains empiriques dans le cadre d’une recherche achevée en 2012 pour le Programme Interdisciplinaire de Recherche Ville et Environnement (CNRS - PUCA). Par-delà des compositions et des hiérarchies sensorielles diverses, des marqueurs sensoriels impliquant activement les objets de nature semblent communs à ces quartiers. Et, par ce biais multisensoriel, les paysages font sens dans l’appropriation du quartier, voire apparaissent comme vecteurs essentiels d’identification au lieu de vie. Le bien-être procuré et les valeurs socioenvironnementales, enchâssées dans des émotions, sensations et sentiments paysagers, apparaissent comme premiers facteurs qualifiants de ces quartiers.