La « condition parentale », au sens des conditions dans lesquelles les parents exercent leur rôle, a considérablement évolué au cours des dernières décennies. Pour en prendre la mesure, on se réfère souvent aux importants changements sociodémographiques qui ont eu lieu depuis la fin des années 1960, aussi bien en matière de fécondité, de nuptialité que de divorce, et aux variations aujourd'hui banalisées opposant mono-, bi-, beau-, grand-, homo-et pluri-parentalité. Mais la source de ces évolutions de la condition parentale n'est pas là, nichée au coeur de la famille et de l'aléa de ses arrangements, mais bien davantage en dehors d'elle, du côté, d'une part, des mutations des conditions de travail et d'emploi-féminisation du marché du travail ; transformation des rythmes et horaires de l'activité avec leur impact sur les relations de genre ; précarisation et flexibilisation des emplois, en particulier pour les nouvelles générations-, et d'autre part, des réformes de l'Etat social, notamment en matière de politique familiale, de conciliation vie familiale / vie professionnelle et de prise en charge de la petite enfance. Pour les uns, ces mutations auraient provoqué l'absence et la démission des parents, voire la faillite de leurs compétences et responsabilités. Pour d'autres, elles ont surtout engendré une redéfinition de leur rôle en ces temps d'incertitudes. Ces incertitudes ont aussi généré un certain nombre d'angoisses, dont témoignent l'apparition des « parents-hélicoptères », comme on appelle aux USA ceux qui intensifient la surveillance de leurs enfants en une forme d' « hypervigilence ». De telles tendances expliquent le recours de plus en plus systématique aux experts mais aussi la construction des politiques dites de "soutien à la parentalité". Cet ouvrage propose de resituer l'apparition de ces dispositifs en France avec un éclairage sur la Belgique, la Suisse et les USA.