Cet article propose un cadre comparatiste afin de mettre en perspective les différentes formes de violence liées à la sorcellerie au Gabon, et plus largement en Afrique. La violence est en effet au cœur de la sorcellerie, dans l'agression sorcière autant que dans les représailles contre le sorcier. Mais cette violence résiste souvent à l'objectivation : soit il s'agit d'une violence jugée imaginaire qui, pour cette raison, n'en est pas vraiment une ; soit il s'agit d'une violence jugée si barbare qu'elle paraît insensée. Rendre raison de la violence sorcellaire, c'est rendre compte des différentes formes qu'elle peut prendre. La comparaison entre la sorcellerie familiale et le vol de sexe montre que les formes divergentes de la violence contre les sorciers s'expliquent par la différence des types de sorcellerie auxquels elles viennent répondre : la gamme des réponses possibles à l'agression sorcière est déjà inscrite en creux dans les situations sociales dans lesquelles émergent les imputations de sorcellerie.