Alors que les migrations qui traversent le Proche-Orient s'intensifient et se diversifient, comme en témoigne le nombre de réfugiés irakiens suite à la chute du régime Saddam Hussein ou l'arrivée croissante de domestiques sud-asiatiques ou africaines, la question de leur place dans la ville prend aujourd'hui tout son sens. A Beyrouth, Damas ou Amman, comme dans les grandes métropoles européennes ou américaines, les populations migrantes sont souvent reléguées aux marges de la ville. Le présent ouvrage propose de relire à partir de recherches de terrains localisées l'inscription de ces populations dans les dynamiques urbaines actuelles, la façon dont les migrants composent des territoires, construisent et transforment des mondes urbains selon des temporalités et des rythmes variables. Loin de constituer une exception, la construction de ces territoires migrants dans les villes du Proche-Orient nous amène à nous questionner sur la place de ces populations marginalisées dans nos propres sociétés. Qu'ils soient Afghans à Calais ou Irakiens à Damas, habitant d'une favela brésilienne ou d'un camp de réfugié palestinien au Liban, ces populations construisent des mondes dont les imaginaires se croisent et questionnent leurs sociétés respectives sur la place de l'Autre, la légitimité de sa présence et son ancrage dans la ville.