Après un siècle de colonialisme et un demi-siècle pendant lequel la bombe atomique a fait exploser les sentiments anti-français et les migrations en provenance de la France métropolitaine, les dynamiques sociales contemporaines à Tahiti (Polynésie française) ne peuvent pas exclure les populations temporaires ou permanentes de la Métropole. La fonction publique fournit une partie importante des migrations de la Métropole. Ces arrivants étant pour la plupart temporaires (en poste pour 2 à 4 ans) et d'un statut socio-économique relativement élevé, ces migrations sont uniques par rapport à celles traditionnellement observées, où l'on constate un mouvement du sud vers le nord, de l'ancienne colonie vers sa Métropole. Pourtant, la population métropolitaine contemporaine de Tahiti n'a pas jusqu'à présent fait l'objet d'une étude sociologique. Cette recherche tente donc de considérer des attitudes des fonctionnaires métropolitains « expatriés », vis-à-vis de la société d'accueil et de leur propre intégration en son sein. S'appuyant sur des entretiens qualitatifs, des idéaux types (Weber 1996) des attitudes et des stratégies sociales ont été discernés, le tout montrant le poids de l'histoire coloniale, des rapports de domination et des « frontières » ethniques et socio-économiques liées au système colonial qui dicte leur rôle social au sein de la société tahitienne.