Les experts occupent une place prépondérante dans la gouvernance du changement climatique : les experts sont présents au stade de la production d'une vérité, de l'instauration de dispositifs techniques ainsi que de leur mise en œuvre. Le constat éclaire d'abord un trait marquant de la gouvernance du changement climatique. Il ouvre aussi la voie à la critique, tant l'émergence d'une gouvernance confiée aux experts ravive le spectre d'une technocratie internationale peu compatible avec les exigences démocratiques qui sont les nôtres. Le changement climatique fournit un exemple à la fois significatif et inquiétant. Significatif car la lutte contre le réchauffement suppose l'implication au niveau mondial des citoyens, des experts et des gouvernements. Inquiétant car si nous ne parvenons pas à conjuguer l'expertise et la gouvernance pour un tel problème, l'échec pourrait bien se reproduire pour d'autres, ce qui serait de mauvaise augure pour l'avènement d'une démocratie mondialisée dans une société technique. La présente conclusion vise à expliciter les apports que la théorie juridique peut offrir à l'étude des problèmes sociaux engendrés par l'évolution des sciences et des technologies. Le rapport entre droit et science est au cœur de nos préoccupations. Mais comment l'envisager, en particulier du point de vue de la réflexion juridique ? Quelles sont les approches pertinentes dont disposent les juristes1 pour éclairer les rapports du droit et de la science? De plus en plus sollicités pour engager une réflexion sur des problèmes liés aux développements des sciences et des technologies, les juristes doivent être en mesure de préciser leurs objets d'étude et leurs méthodes s'ils souhaitent jouer pleinement leur rôle, y compris au regard d'autres sciences humaines et sociales.