Dans les évolutions de l'action publique en matière de sécurité publique depuis la fin des années 1970, la territorialisation signifie à la fois la localisation des enjeux concernant le traitement de la délinquance et la mise en place de partenariats dans la gestion des problèmes de sécurité publique. L'article défend la thèse suivante : si le territoire constitue aujourd'hui le cadre des problèmes de sécurité, il est appréhendé différemment par chaque organisation concernée. L'on assiste en fait à des dynamiques de territorialisation répondant à des logiques spécifiques. D'un côté, les services de l'État, soumis à des critiques grandissantes quant au caractère lointain de leur action, tentent d'adapter leurs prestations sans pour autant modifier la logique générale de leur fonctionnement. De l'autre côté, les municipalités, au nom d'une compétence territoriale générale, cherchent à se mobiliser sur des questions très fortement investies socialement et politiquement. Si la première logique, portée par les services de l'État, est sujette à oscillation et revirement, la seconde annonce une dynamique d'affirmation des collectivités locales sur la scène de la sécurité. Sous l'emprise de ces deux mouvements vers la territorialisation, il nous apparaît que la sécurité est prise entre les logiques sectorielles et celles des territoires émergeant comme acteurs.