Parce qu'elles valorisent une approche globale des problèmes publics et poussent à concevoir l'action publique dans des cadres spatiaux renouvelés, les politiques de développement territorial proposées par l'État et les collectivités locales françaises sont emblématiques des nouvelles normes de l'action publique : la transversalité et le dépassement des cadres territoriaux institutionnels. Pourtant, dans les espaces ruraux étudiés, la mise en oeuvre de ces politiques s'est traduite par des recompositions territoriales et sectorielles plutôt limitées. Parmi les facteurs explicatifs de cet état de fait, l'importance du contrôle territorial dans la construction de la légitimité des élus et des collectivités locales mérite une attention particulière. Cet article est aussi l'occasion de préciser la notion de territorialisation et de mettre évidence que les politiques de développement territorial sont porteuses de différentes conceptions de ce qu'est un territoire. Partant du constat que les politiques de développement territorial sont le vecteur de recompositions territoriales et sectorielles relativement limitées, l'hypothèse avancée est que les transformations de l'action publique ne sont pas seulement liées à une évolution de la nature des problèmes publics mais qu'il s'agit aussi d'une rhétorique alimentée par des stratégies individuelles et institutionnelles qui passent par de nouvelles formes d'ancrage territorial.