Cette contribution met en évidence combien l'activité de lobbyiste, qu'elle constitue un point d'entrée dans l'espace bruxellois ou qu'elle vienne prolonger une expérience européenne plus ancienne, correspond à une position d'attente, peu valorisée et peu valorisante. Les caractéristiques des lobbyistes ne permettent pas de considérer ces professionnels de la représentation d'intérêt comme uniformément et indistinctement dotés de ressources fortes et rares dans l'espace politique et professionnel européen. En effet, pour accéder aux emplois de l'action publique, les jeunes diplômés en études européennes acquièrent, par des expériences in situ, des compétences européennes de généraliste qui sont susceptibles d'être valorisées dans l'espace politique européen. Cette familiarisation s'effectue, faute de mieux, en accomplissant des tâches plutôt ingrates dans le cadre de stages au sein de groupes d'intérêt peu prestigieux. Mais pour des auxiliaires se situant à un niveau supérieur de qualification au sein de l'espace, tels que les collaborateurs d'eurodéputés, les emplois de lobbyistes représentent également un recours lorsque les autres possibilités se sont avérées vaines. Si le lobbying est là aussi un choix par défaut, il concerne des individus mieux dotés en ressources et susceptibles de rester durablement dans le domaine de la représentation faute d'alternative intéressante permettant de valoriser leurs compétences et leur expérience européennes.