La culture Rubanée (LBK) représente un des courants majeurs de l'expansion de l'agriculture au cours du néolithique en Europe. De nos jours, l'expansion danubienne est attestée par de nombreux sites archéologiques mis à jour depuis la Hongrie jusqu'en France septentrionale. Afin de mieux comprendre les modalités d'installation de sociétés Rubanées dans ces régions, il est nécessaire de comprendre les interactions complexes entre l'émergence de cette culture et les facteurs de forçage naturels tels que le climat et l'hydrologie locale. Il est donc crucial de fournir des archives les plus détaillées possible et chronologiquement bien contraintes. C'est dans ce contexte que s'inscrit le programme OBRESOC qui a pour objectif de reconstituer et modéliser les interactions homme/climat à partir d'une approche multi-paramètres spatialisée. Dans cette optique, de nombreuses carottes sédimentaires ont été prélevées en périphérie de sites archéologique Rubanés (Tisza, Vistule, Rhin et bassin parisien). Les résultats présentés ici portent principalement sur les mesures géochimiques réalisées à haute résolution sur une carotte prélevée dans la basse vallée du Rhin (Shriek). La séquence sédimentaire, mesurant 11m, est constituée de sédiments argilo-silteux gris sombres à blanchâtres, finement laminés à la base. Le modèle d'âge, contraint par 14 dates radiocarbones, indique que la séquence couvre les derniers 8000 ans cal. BP. Les éléments majeurs et traces constituant les sédiments ont été analysés par scanner XRF. De 8200 à 7200 ans cal. BP, les variations élémentaires indiquent une phase lacustre associée à un fort un taux de sédimentation et des apports sédimentaires variés. Les faciès laminés sont bien marqués géochimiquement, notamment par les éléments oxydo-dépendants tels que le Manganèse, le Fer et le Soufre. A partir de 7200 ans cal. BP, de nombreuses zones riches en matière organique (Brome) se mettent en place. L'augmentation graduelle du Soufre (interprété comme indicateur de phases réductrices) suggère une déconnexion Rhin/lac de Shriek et une eutrophisation progressive de ce dernier. Les éléments détritiques ne sont plus représentés que par des pics d'éléments silicoclastiques intermittents traduisant des apports en eau irréguliers mais intenses (e.g épisodes de crues). Les données présentées ici ont permis de fournir une chronique détaillée des changements paléoenvironnementaux ayant influencé la dynamique sédimentaire de Shriek au cours du Néolithique et particulièrement au cours de la période d'installation des Rubanés dans la région (7600-6600 ans cal. BP).