Située au nord-ouest de l’Arabie Saoudite, dans une vallée encaissée, l’oasis d’Al-Ula a été une étape importante sur la route du pèlerinage et du commerce vers les villes saintes de La Mecque et Médine. Elle s’étend le long d’un wadi et profite d’une importante nappe phréatique à l’origine de l’implantation humaine dans des temps immémoriaux. Durant la période qui nous concerne, du début du XXe siècle jusqu’au boom pétrolier, les habitants de la vieille ville, située en bordure ouest de la palmeraie, quittaient leurs demeures urbaines pendant la saison chaude pour se réfugier dans les jardins, où ils ont bâti un réseau d’habitations secondaires en terre. Le projet d’étude (porté par Archaïos, financé et piloté par l'Agence française pour le développement d'Al-Ula, pour le compte de la Commission royale d'al-Ula) a démarré en 2019 et vise à cartographier et comprendre l’organisation spatiale et l’histoire des jardins de l’oasis, où environ 700 bâtiments ont été répertoriés et enregistrés par l’équipe d’UCOP (al-Ula cultural oasis project). L’un des volets du projet concerne l’étude détaillée de l’architecture domestique vernaculaire. Elle comblera une lacune importante, puisqu’aucune analyse n’a jusqu’ici été consacrée aux bâtiments oasiens prémodernes d’Arabie Saoudite. Pourtant, dans tout le pays, ils sont menacés en raison de leur abandon, de leur rénovation avec des techniques modernes, ou de leur remplacement par des infrastructures récentes. Une équipe pluridisciplinaire d’architectes, d’archéologues, de topographes et de photogrammètres a réalisé des études détaillées et des relevés précis d’un échantillon représentatif d’édifices remarquables. Leurs données sont dès à présent utilisées pour guider les travaux de restauration en cours dans la palmeraie. Dans cette communication, deux thèmes ont été développés. Le premier concerne les matériaux locaux et les techniques utilisés dans la construction des habitations estivales d’Al-Ula. L’un des matériaux les plus importants est la terre, façonnée à la main pour former des mottes qui, liées à l’aide d’un mortier de terre, servaient à l’édification des murs. Le second matériau le plus caractéristique est le palmier, dont toutes les parties ont été employées, essentiellement pour constituer les couvertures des bâtiments. Les carrières de grès, dans les montagnes environnantes, ont fourni les moellons nécessaires à la construction de solins et d’encadrements de porte. Les essences d’arbres de l’oasis, tels que le tamaris, l’eucalyptus et l’acacia, ont servi de bois d’œuvre. De plus, les qualités intrinsèques de beaucoup de ces matériaux font qu’ils étaient réutilisables. Le second thème traitait des solutions astucieuses développées pour lutter contre les ardeurs du soleil. Parmi celles-ci, l’installation des habitations sous la canopée des palmiers assurait une fraîcheur certaine, renforcée par la présence des canaux d’irrigation qui, occasionnellement, alimentaient des bains. Les dimensions de certaines pièces, l’emplacement des ouvertures, l’utilisation de claustras, la présence de cours et de terrasses permettaient de réguler la chaleur et la lumière tout en préservant l’intimité. Ces pratiques témoignent de l’ingéniosité des anciens habitants et rendent évidente l’importance des leçons à tirer du passé pour répondre aux défis contemporains du changement climatique.