Si les premiers films de science-fiction sont français (Georges Méliès), la première décennie du cinéma parlant français, dominée par le réalisme poétique et les adaptations d’opérettes, n’est guère favorable à la science-fiction, une attitude qui se poursuit pendant les années quarante. Quelques rares films émergent pourtant, de La fin du monde (réal. A. Gance, 1931) où l’on peut entendre les ondes Martenot jouées par leur créateur, jusqu’aux Croisières sidérales d’André Zwobada, avec une musique de Georges Van Parys. Alors que les États-Unis s’emparent du genre avec succès dans les années 1950, The Day the Earth Stood Still (réal. R. Wise, 1951) et sa musique composée par Bernard Herrmann s’imposant comme une référence, la science-fiction reste encore un domaine confidentiel en France à cette époque avec une poignée de films seulement (la parodie Torticola contre Frankensberg, 1952, réal. Paul Paviot, comp. J. Kosma ; Amour de poche, 1957, réal. Pierre Kast, comp. Marc Lanjean ; la co-production franco-italienne Le danger vient de l’espace, 1958, réal. P. Heusch, comp. : C. Rustichelli). Le début des années soixante marque le début d’un engouement pour le genre avec trois films qui sortent entre 1960 et 1961 : Les mains d’Orlac (réal. E. T. Gréville, comp. C. Bolling, 1960), Les mystères d’Angkor, réal. W. Dieterle, comp. R. Vlad, 1960) et Un martien à Paris (réal. J.-D. Daninos, comp. : M. Emer, 1961). Nous nous proposons d’étudier les marqueurs musicaux de la science-fiction tout au long de ces trente premières années de cinéma français, conjuguant diversement néo-classicisme et avant-gardisme, sous l’angle d’un héritage dont disposeront ensuite les cinéastes de la Nouvelle Vague tels Jean-Luc Godard (Alphaville, 1965), François Truffaut (Farenheit 451, 1966) et Alain Resnais (Je t’aime je t’aime, 1968).