La détresse en fin de vie est au cœur des débats publics. Elle a des répercussions sur l’expérience et les vécus subjectifs de chacun des acteurs de la décision partagée. Le patient vit une crise identitaire, qui engage chacun sur un plan affectif et émotionnel. En secteur d’hospitalisation, ce vécu émotionnel partagé génère des difficultés de communication autour des projets de soins. Alors que le paradigme courant défend une prise de décision fondée sur la raison, il a été démontré qu’elle repose également sur des processus subjectifs : différentes composantes psychologiques d’influences réciproques favorisent le processus décisionnel. La relation intersubjective qui se tisse à partir de ces vécus partagés, invite le psychologue à travailler sur ces dynamiques collectives. Le projet de recherche Psy2DéPall se concentre sur les patients majeurs, leurs proches et les équipes de soins, en examinant comment ils communiquent autour d’une décision les concernant. Il vise à décrire les caractéristiques du processus décisionnel en situation de fin de vie, et à observer certains déterminants psychologiques de la décision, en particulier la détresse. La méthode est mixte et multicentrique avec des co-investigateurs d’équipes de soins palliatifs répartis en France, sur une période allant de Mai 2024 à Mai 2025. Un outil a été spécifiquement élaboré pour observer les déterminants psychologiques de la prise de décision en situation de fin de vie. Il permet une analyse des pratiques professionnelles via une observation participante par des psychologues qui collectent ces informations. Un second temps de la recherche offre aux investigateurs la possibilité de rédiger ou de bénéficier d’un entretien qualitatif, uniquement au sujet de processus décisionnels remarquables. La crise du mourir révèle l’importance des mouvements intersubjectifs au sein des équipes de soins, et rappelle combien il est important de comprendre la détresse, en explorant son lien avec les atteintes identitaires des patients et sa résonance auprès des équipes de soin. Cette question soulève de nombreux défis, en particulier lors des processus décisionnels. La responsabilité de chacun est d’interroger ses pratiques et de clarifier ses motivations et intentions. Les implications de cette recherche sont vastes. Une meilleure compréhension des facteurs psychologiques influençant les choix de fin de vie permettra d’organiser des interventions spécifiques. En outre, cet outil encourage les acteurs de la décision, y compris les psychologues, à réfléchir sur leur rôle et leur positionnement dans le processus de décision partagée.