L’ubérisation de la logistique urbaine exercée au moyen de plateformes numériques s’est développée depuis une dizaine d’années, notamment dans le centre des grandes agglomérations mais aussi, depuis peu, dans les villes moyennes et les territoires périurbains. Une de ces activités les plus visibles concerne la livraison dite « instantanée » (Dablanc et al., 2017) de repas par des coursiers à vélo par le biais de plateformes comme Deliveroo, Uber Eats, etc. Les conséquences sociales de cette digitalisation de la livraison ne sont pas neutres. Avec l’augmentation de leur nombre, les livreurs sont en effet de plus en plus précaires, mal rémunérés et les conditions de travail restent mauvaises. Un des aspects de ces mauvaises conditions de travail concerne leur vulnérabilité sur la route. Généralement payés à la tâche, les livreurs doivent en effet se frayer un chemin au plus vite dans la circulation urbaine pour maximiser leur rémunération. Il existe toutefois peu de travaux académiques sur la sécurité de ces professionnels de la route. La recherche présentée dans cette communication visait plusieurs objectifs. Il s’agissait dans un premier temps d’estimer le risque d’accident de ces professionnels de la route et de le comparer au risque encouru par les usagers à vélo se déplaçant pour des motifs non professionnels. Dans un deuxième temps et avec une finalité plus qualitative, il s’agissait de décrire les situations d’accidents dans lesquelles sont impliquées les livreurs à vélo et plus généralement leurs pratiques dans l’espace public, en termes de comportements sur la route, mais aussi en termes de zones de livraison et d’itinéraires. Nous nous sommes pour cela appuyés sur des études de cas d’accident et sur des observations non participantes. L’ensemble des investigations ont porté sur la région parisienne et la région lyonnaise.