Reconstruction du paysage de la cité de Populonia au cours de l’Holocène : apport des carottages sédimentaires
Résumé
La cité étrusque de Populonia est un des centres majeurs de la métallurgie au Ier millénaire avant J.-C. Seule cité en position littorale, elle est notamment décrite dans les textes comme un pôle d’échange principal au coeur de la mer Tyrrhénienne, entre la Méditerranée occidentale et orientale. Sa renommée est liée aux minerais de l’île d’Elbe et de la Colline Metallifere sur le continent qu’elles exploitent, en particulier le cuivre puis le fer, qu’elle traite afin d’exporter des produits semi-finis et finis. Cette industrie connaît un véritable essor à la fin de la période étrusque, changeant le paysage pour les siècles à venir. De fait, les déchets de la métallurgie restent in situ et s’étendent encore sur plusieurs mètres d’épaisseur dans les quartiers portuaires et artisanaux lorsque les premiers inventeurs du site redécouvrent Populonia. La quantité de scories est si importante qu’elles sont réutilisées au début du XXème siècle par les usines et aciéries toscanes. Une telle activité industrielle, couplée à un commerce portuaire, n’a pu qu’avoir un impact significatif sur l’environnement et le paysage.
La vie quotidienne des Étrusques est complexe à appréhender. En raison du manque de vestiges et de traces écrites, certains aspects, comme le lien qu’ils entretiennent avec leur milieu naturel, ne peuvent pas étudiés. C’est pour cette raison que les études paléoenvironnementales appliquées à l’étruscologie connaissent un essor grandissant depuis une vingtaine d’années. Souvent non destructives, à l’image des prospections ou des carottages sédimentaires, elles permettent d’appréhender différemment cette civilisation et comprendre l’organisation de la société en association avec leur territoire.
C’est dans ce contexte que s’intègre mon travail de thèse. A l’origine centré sur la recherche des installations portuaires perdues des Étrusques, mon doctorat s’est finalement davantage orienté au cours des années vers une reconstruction plus globale de l’environnement de Populonia et de ses dynamiques évolutives durant l’Holocène. Ainsi, quatre carottages ont pu être réalisés en quatre points différents de la région (littoral, quartier industriel, plaine, zone humide) et offrent des informations complémentaires pour comprendre comment pouvait être le territoire, où se situaient les zones d’influence anthropique et où mener de futures recherches, qu’elles soient archéologiques ou paléoenvironnementales.