Retrouver le site web https://sfalcoologie.fr/ Je vous écris en direct du congrès mondial 2024 sur l'alcool et les addictions de la Société internationale de recherche biomédicale sur l'alcoolisme (ISBRA), dont je suis le vice-président et la Société Asie-Pacifique pour la Recherche sur l'Alcoolisme et les Addictions (APSAAR) qui se tient actuellement à Melbourne. Cet éditorial est très largement inspiré des communications qui ont été faites lors de ce congrès, notamment après les interventions des professeurs George Koob (Directeur du NIAAA) et Katie Witkiewitz. L'idée de cet édito est de mettre les pieds dans le plat et poser sur la table certains problèmes liés à la consommation d'alcool. Il m'a semblé important de rappeler certains enjeux essentiels pour que tout le monde sorte du déni. Je précise que les idées dans cet édito n'engagent que moi et je me permets d'écrire ici après bientôt 30 ans d'activités de recherche exclusivement dédiées à l'alcool.

J'arrive aussi maintenant à presque 10 ans d'ancienneté au poste de Président de la Société Française d'Alcool et c'est un véritable honneur qui m'a été fait de représenter la discipline alcoologique et addictologique. Je mesure aussi l'intention qui était de mettre en avant les connaissances scientifiques et la recherche pour faire rayonner la France à l'international. Je souhaite remercier vivement tous les administrateurs exceptionnels avec qui je travaille et qui se sont investis dans les activités de notre société savante de manière tout à fait bénévole. Je leur dédie ma nomination récente comme chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur par Madame Vautrin, ancienne Ministre de la santé. Cette nomination vient récompenser tout mon « investissement alcoologique » au nom et pour la Société Française d'Alcoologie.

La consommation d'alcool en France et l'impact sur la santé, où en sommes-nous ?

En France, la consommation moyenne est de 2,3 verres par jour, 11.7 litres d'alcool pur per capita et par an (soit environ 130 bouteilles de vin par an). Dix pourcents de la population consomment quotidiennement de l'alcool et 40% ont eu un épisode de forte consommation, c'est à dire au moins 6 verres en une occasion, l'année écoulée. Dans la cohorte CONSTANCES (des actifs) et en général, on estime à environ 10% la proportion de personnes qui présente un trouble de l'usage d'alcool (1). On sait aussi qu'environ 10% de la population consomme environ 60% de l'alcool disponible. Ces 10% sont un enjeu considérable pour les « alcooliers » car s'ils se mettaient soudainement à respecter les repères de consommation d'alcool, c'est une part très importante des bénéfices qui partirait en fumée. Perte de bénéfices estimée à 38% au Royaume-Uni (2).

La consommation d'alcool (et pas seulement la consommation excessive et pas seulement non plus les conséquences chez les personnes avec un trouble de l'usage d'alcool) représente un fardeau sanitaire et social considérable. On parle ici de plus de 200 maladies associées à la consommation d'alcool (3). Dans une étude récente, 207 maladies liées à l'alcool sont recensées : Maladies Infectieuses et parasitaires=7 ; Néoplasmes (tumeurs)=27 ; Sang et liés au système immunitaire=3 ; Endocrinien, nutritionnel et métabolique=6 ; Psychiatrique et comportemental=3 ; Liées au système.