Introduction : Au Sénégal, différentes mesures ont été prises pour gérer la COVID-19. Si la peur a favorisé leur observance au début, ce sentiment va céder la place à des réticences, mettant en débat leur acceptabilité sociale. Pour que ces mesures soient acceptées, leur décision doit s’ancrer dans la compréhension des contextes sociaux, le dialogue et l’écoute des communautés. Parce qu’elles engagent la vie humaine, leur définition nécessite aussi une délibération éthique. But de l’étude : La réflexion a porté sur l’analyse de l’acceptabilité sociale des mesures de lutte contre la COVID-19. À partir d’une lecture éthique de la décision politique face à l’incertitude, les fondements de leur légitimité sociale ont été discutés. Résultats : Si le Sénégal a été plébiscité par l’OMS pour la coordination de sa réponse, les mesures prises ont été peu adaptées aux contextes nationaux et créé une vulnérabilité sociale. Les réactions populaires expriment une revendication de dignité, la gestion politique ayant oublié qu’il s’agissait d’un processus humain. La communication accompagnant ces mesures a été focalisée sur une approche de la peur et la culpabilisation, aux antipodes du principe d’autonomie et de la primauté individuelle. La COVID-19 a aussi mis en lumière les limites du savoir scientifique et démontré la relation complexe entre science, politique et éthique de la proportionnalité en contexte d’incertitude. Conclusions : Il y a une relation intime entre les pratiques de l’engagement communautaire, l’éthique des mesures de lutte et leur acceptabilité sociale. Pour que les populations s’approprient ces dernières, elles doivent être justes et respectueuses de l’humain.