Le présent document constitue le rapport final du projet de recherche MENTAGRO, financé par la CCMSA dans le cadre du premier appel à projet (AAP) de recherche de 2020. Il vise à apporter des éclairages scientifiques concernant les impacts de la transition agroécologique (TAE) sur la santé des agriculteurs. Il est composé d’enseignants chercheurs de deux laboratoires de recherche : le LGCO de l’Université Toulouse 3 et l'UMR INRAE-INPT AGIR (AGroécologie, Innovations & teRritoires). Ce rapport est constitué par deux lots de travail, le premier étudiant les micro fondations de la relation entre TAE et santé et se référant au champ de la gestion des ressources humaines, le second proposant une focale sur les dispositifs collectifs de la TAE dans une approche plus méso et se référant au champ du management stratégique. Une approche théorique différente a été retenue dans chacun des lots. Le modèle exigences-ressources, modèle JD-R (Demerouti et al., 2001 ; Schaufeli et Bakker, 2004), a été retenu pour le premier. Concernant le management stratégique, l’approche théorique retenue est celle des capabilités (Sen, 2000 ; Fernagu-Oudet, 2012 ; Arnoud, 2013). Un design qualitatif de recherche a été adopté pour l’ensemble du projet, dans une visée compréhensive. C’est environ une centaine d’agriculteurs qui ont contribué à l’enquête, à travers leur participation à des entretiens individuels ou des focus groups. Les résultats de ces deux études sont nombreux. Au sein du lot 1, l’étude montre que la TAE induit une nécessité pour l’agriculteur de mobiliser et de renforcer ses ressources pour faire face aux nouvelles exigences induites par la TAE. Sa capacité à faire face à celles-ci dépend de ses compétences en terme de réflexivité sur son activité et ses choix entrepreneuriaux, ainsi que de ses ressources externes ou son capital social lié à ses connexions avec son réseau social. La TAE constitue une menace pour la santé mentale des agriculteurs, qui se lit à travers les réponses émotionnelles liées au stress engendré par ce déséquilibre : l’anxiété, la colère et le mal-être. L’étude permet de dégager deux compréhensions principales de la dégradation de la santé mentale : la peur de l’échec pour mener la TAE, la dégradation de l’image sociétale de leur métier. Le lot 1 a permis d’identifier les conditions qui sont susceptibles de transformer le vécu d’une TAE comme une menace vers une opportunité. Ce lot permet notamment de dégager une figure d’un agriculteur entrepreneur et engagé, capable de « vivre bien » la TAE. Au sein du lot 2, l’étude montre que les dispositifs collectifs permettent aux chefs d’entreprise agricole de développer des capabilités, c’est-à-dire d’être plus en mesure de convertir des ressources à leur disposition en possibilités effectives et réalisations concrètes. La durabilité de leurs activités s’en trouve aussi améliorée, tant sur le plan environnemental qu’en matière de pérennité de l’entreprise et de bien-être du dirigeant. L’étude 2 identifie également 6 catégories de facteurs de conversion (individuels, collectifs, liés à l’accompagnement, liés à la démarche de progrès, liés au contexte de transition, liés aux réalisations), qui peuvent favoriser ou entraver, chez le chef d’entreprise agricole, une gestion sereine et efficace de la transition. Les retombées de MENTAGRO pour la CCMSA concernent essentiellement l’élaboration d’une brochure à destination des acteurs de la MSA, permettant de les sensibiliser à la question de la santé mentale de l’agriculteur, en couplant notamment cette question avec celles des conditions de travail de l’agriculteur en TAE.