Dans le cadre de la gestion des eaux et de l’assainissement de l’église Saint-Orens de Maubec, dont la maîtrise d’œuvre a été confiée par la commune au cabinet ACCA (architectes du patrimoine), un diagnostic archéologique a été prescrit sur le pourtour de l’édifice. Ce dernier présente son chevet orienté vers le nord, implanté profondément dans une déclivité du terrain à l’aplomb de la ligne des remparts, qu’il interrompt. Contrainte par la présence d’habitations et par le fort pendage septentrional, en concertation avec le Service régional de l’archéologie, l’implantation des tranchées s’est faite uniquement autour de la partie méridionale de la nef et contre un contrefort du clocher-porche. Réalisé entre le 4 et le 7 septembre 2023, ce diagnostic n’a révélé aucune sépulture, mais il a mis en évidence trois fosses antérieures à des maçonneries qui précèdent l’érection de l’église actuelle. Ces constructions ont été dégagées à une profondeur sous l’enrobé comprise entre 0,02 m au sud et 0,66 m au nord-est (soit entre 172,57 et 172,77 m NGF). Elles sont fondées dans le substrat calcaire dégradé, situé sous le sol actuel seulement entre 0,15 m à l’ouest et autour de 0,35 m à l’est, avant de marquer un fort pendage vers le nord, pour atteindre 1 m de profondeur maximale au pied de la chapelle orientale (altitude comprise entre 172,12 et 172,24 m NGF à l’ouest ; 172,68 - 172,78 m à l’est ; 172,28 - 172,40 m NGF au nord-est). Un second mur parallèle au mur-gouttereau oriental (distant d’environ 2,30 m) est quant à lui appuyé contre la chapelle nord-est. Large de 1,12 m, il a été reconnu sur une longueur restituée de 12,70 m dans les trois sondages orientaux, où il apparaît entre 0,12 m (sud-est) et 0,36 m de profondeur (nord-est) (entre 172,73 et 172,92 m NGF). Il correspond à un élargissement de l’édifice encore représenté sur le plan cadastral de 1837, mais le pendant occidental de cette nef élargie n’a pu être reconnu à l’ouest du fait de l’implantation des sondages contrainte par la présence de maisons. À l’extrémité orientale des deux sondages sud-est, des vestiges de voirie antérieure au XXIe siècle ont aussi été aperçus ; ils pourraient correspondre à une venelle représentée sur le cadastre du XIXe siècle mais qui a perduré jusque dans les années 1970. Si ces différents vestiges sont difficilement datables, une chronologie relative peut être proposée, avec quelques jalons plus ou moins bien datés. Ainsi, l’église Saint-Orens de Maubec pourrait avoir été implantée dans une aire d’ensilage (phase 1), avec laquelle elle a peut- être un temps coexisté. L’édifice actuel semble prendre place sur un bâtiment antérieur totalement arasé pour lequel au moins trois phases de construction sont distinguées : l’édification des contreforts nord (phase 2), celle des murs-gouttereaux (phase 3) et celle d’une façade cantonnée de contreforts (phase 4). La datation de cette construction initiale est inconnue, mais une maçonnerie placée dans la phase 3 pourrait remonter au XIIIe siècle, à se fier à une analyse radiocarbone pratiquée sur une arase du côté ouest (laboratoire Beta Analytic : échantillon Beta – 676853). Cette chronologie est cohérente avec celle de la céramique collectée dans les sédiments servant d’encaissant à certaines maçonneries. L’église actuelle – qui n’a fait l’objet d’aucune analyse du bâti – se superpose à cet édifice primitif. Elle présente de multiples étapes de construction réunies dans l’unique phase 5. En revanche, l’édification inachevée du clocher-porche est individualisée en phase 6, à laquelle est associé le long mur arasé le long du mur-gouttereau est dans l’axe de la chapelle orientale. Il ne correspond pas à un collatéral médiéval disparu, mais plus probablement à un agrandissement avorté de l’église, peut-être au XVIIe siècle (période retenue par la tradition pour l’érection du clocher-porche). Par symétrie, l’extension occidentale de l’église, également représentée sur le cadastre de 1837, dont la présence n’a pu être vérifiée, pourrait être placée dans la même séquence chronologique. Apparemment non décrits dans les projets de travaux du XIXe siècle, ces murs n’ont jamais dû atteindre leur hauteur totale projetée. C’est peut-être leur démontage qui a permis l’achèvement de l’édifice dont la nef a été surélevée et voûtée au XIXe siècle (phase 7). Enfin, la plupart de ces éléments ont été traversés à la fin du XXe siècle ou au XXIe siècle par des tranchées pour l’éclairage extérieur de l’église et un pluvial.