Dans le cadre de la restauration générale de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Toujouse (Gers) et du projet d’aménagement d’un parking avec accès PMR, un diagnostic archéologique a été prescrit sur toute la parcelle au milieu de laquelle s’élève le lieu de culte (cad. A 610). L’arrêté de prescription no 76-2022-1148 note cependant que les fondations du porche d’accès, du mur sud de l’église et d’une partie de son chevet sont déjà en partie dégagées, ce qui laisse supposer un décaissement ancien, désormais scellé par l’enrobé de la voirie. Ainsi, en concertation avec le SRA, seule la partie talutée au nord de l’église, où doit être aménagé le futur parking, a été diagnostiquée. Cette investigation a consisté en deux tranchées partant de l’église, réparties de part et d’autre de la statue de la Vierge qui domine la partie centrale du talus ; elles couvrent 10,13 % de la surface accessible. Réalisé entre le 16 et le 20 octobre 2023, ce diagnostic a révélé un nombre important de structures qui se recoupent souvent entre elles, très mal conservées, partiellement arasées et difficiles à interpréter, mais où la vocation funéraire paraît dominer. Vers la bordure nord du talus, les vestiges sont reconnaissables à partir de 104,85 m NGF (environ 0,70 m sous la terre végétale), mais ils peuvent affleurer plus haut au sud, à proximité de l’église, à une altitude très variable entre 105,05 et 106,05 m (105,35 m en moyenne), soit entre 0,35 et 0,90 m sous le sol actuel. Ces creusements traversent le substrat argilo-limoneux qui apparaît entre 104,85 m (au nord) et 105,44 m (contre l’église), soit entre 0,50 et 0,90 m sous la surface des tranchées. Le mur-gouttereau nord de l’édifice est tantôt assis dedans en tranchée pleine (à l’ouest, où le fond de la fondation n’a pas été atteint) ou posé dessus (à l’est). Parmi les 70 structures recensées (pour moins de 66 m² évalués), 19 sépultures peuvent être dénombrées avec une certaine assurance. Au vu de leurs différences de profondeurs et de leurs recoupements, il est possible d’envisager au moins deux niveaux d’inhumations. La plupart des autres creusements mis au jour, généralement orientés, de forme rectangulaire ou trapézoïdale (affectant parfois un tracé en baïonnette du fait des recoupements), correspondent sans doute eux aussi à des inhumations malgré l’absence d’artéfacts dans les comblements sondés. De fait, l’état médiocre des ossements conservés dans les tombes inspectées montre que les vestiges humains ont souvent presque entièrement disparu, ne laissant que des fantômes brunâtres dans le sédiment très fortement colonisé par les racines. En revanche, dans la partie nord de la tranchée orientale, nombre de creusements ne correspondent pas à la forme ni à l’orientation de tombes. Si certains négatifs aux bords très irréguliers sont peut-être d’origine végétale, une série de petits creusements rectangulaires pourrait être associée à un dispositif de clôture. Enfin, plus ou moins en partie médiane du talus, chaque tranchée a livré un creusement sub-circulaire, dont celui du sondage ouest est assurément antérieur à une tombe. Ces éléments pourraient évoquer des fossés, mais ils sont très arasés et indatables, comme le reste des structures. En effet, hormis des clous de cercueil et un chapelet de perles de bois très dégradé, le mobilier est pour ainsi dire inexistant, ce qui limite les possibilités de datation. D’autant plus que l’abondance de racines, infiltrées jusque dans les alvéoles des ossements, abolit toute possibilité de datation radiocarbone. Toutefois, la disposition de la tête des défunts, indifféremment à l’est ou à l’ouest, suggère une datation assez tardive, ce que paraissent confirmer les études des tessons de céramique – tous modernes (mais seulement au nombre de neuf) – et celle du chapelet, qui prolongerait cette occupation jusqu’à l’époque contemporaine. Or, le cimetière semble avoir été déplacé au tournant du XXe siècle : certaines de ces tombes pourraient donc être très récentes. La ligne qui relie les sommets d’apparition de ces fosses est assez irrégulière mais continue, ce qui pourrait témoigner d’un arasement de l’espace, peut-être au moment du déplacement de l’aire sépulcrale plusieurs centaines de mètres à l’ouest de l’église.