Depuis début 2000, le paysage thérapeutique occidental s’est profondément modifié, associant de plus en plus médecine occidentale conventionnelle et thérapies complémentaires et alternatives. Dans ce cadre, les techniques psychocorporelles orientales (yoga, qi gong) intègrent le secteur de la santé français, valorisant ainsi des formes d’auto-médication des patients. De par leur attache à la tradition orientale, la diffusion des savoirs psychocorporels alternatifs au sein des milieux médicaux fait débat ; ces techniques demeurant peu définies et structurées. Intégrant des espaces où la démarche de preuve prévaut, la difficulté de mesure des effets de l’apprentissage des savoirs psychocorporels ne permet pas à la recherche médicale de se saisir pleinement de cette question. Nous suggérons d’étudier les formes que prennent ces savoirs psychocorporels en santé, au regard de la posture des professionnels et du type de patients concernés, sous un angle socio-didactique. Nous analysons l’exemple du qi gong, technique orientale fortement intégrée au secteur de la santé en France. Nous avons mené une analyse thématique de 775 documents datant de 1975 à 2023 complétée par des observations de séances de qi gong en milieux de santé (CHU, EHPAD). Cette étude permet d’identifier les conditions de confiance/défiance envers ces savoirs alternatifs, et ainsi de mieux saisir les types d’engagement des patients dans ces formes d’auto-médication.