Depuis une cinquantaine d’années, les injonctions à prendre en main sa santé se multiplient en Occident. En France, elles ont accompagné le développement du secteur sport-santé. Dans ce cadre, de nouvelles pratiques se développent, dont les pratiques psychocorporelles (yoga, qi gong). Leur diffusion en sport-santé est au cœur d’une double tension, scientifique et culturelle. D’une part, ces pratiques se heurtent au principe de rationalisme propre à la santé. La littérature médicale, basée sur la mesure quantitative des effets, ne peut se saisir du fait que ces pratiques sont fondées sur la transmission et visent une transformation de l’intériorité du pratiquant. D’autre part, la culture laïque propre la société française contredit leur ancrage spirituel, et semble interférer dans les pratiques. Nous proposons d’éclairer cette question par une étude socio-historique de la diffusion en France des pratiques identifiées au qi gong, fortement intégrées aux espaces sport-santé. Nous avons réalisé une analyse thématique de 775 documents (de 1975 à 2023), complétée par 5 entretiens de dirigeants de fédérations. Les résultats montrent le poids des processus institutionnels sur l’intégration de pratiques sportives nouvelles dans l’espace social français. Ils montrent aussi des mécanismes de transmission reposant sur des savoirs externes à l’individu, indiquant une profonde transformation des pratiques.