Le haut Moyen Âge est une période de reconfiguration culturelle intense qui prend appui en son commencement sur le monde tardo-antique complexe et aboutit à la prise de conscience de l’unité culturelle de l’Europe chrétienne occidentale, malgré ses diversités et l’environnement multilingue généralisé.En effet, la cour carolingienne mais aussi les institutions monastiques deviennent des carrefours où se côtoient des intellectuels en provenance de tous les horizons, italiens, espagnols, anglo-saxons et irlandais. Le multilinguisme est de rigueur, mais il se voit transcendé par l’élan dynamique donné à l’étude du latin des Antiqui : à partir de ce moment, on ne peut que constater que les habitants de Gaule ne parlent plus latin, mais soit une rustica romana lingua soit la theotisca lingua, tandis que « restauré », le latin devient la koinè des lettrés ! Nous nous intéresserons plus précisément au 9e siècle, cœur de la période carolingienne, pour nous concentrer sur les deux grands apports de la Renouatio : l’écriture et la grammaire. Ils ont constitué les enjeux fondamentaux de ce temps, qui permet un accroissement notable de qualité dans la production de l’écrit en même temps qu’elle rend désormais possible l’accès à des textes antiques difficiles qui avait été mis entre parenthèses ; de plus, par effet de symétrie le contexte scolaire de cet enseignement nous livre de nombreux indices sur les vernaculaires sous-jacents et la mixité des influences. Un des aspects frappant de ce double apport, écriture – grammaire, se manifeste par l’importance croissante d’une démarche herméneutique particulière qui va prendre corps dans ce qu’on nomme communément les gloses. Le centre de cet exposé fera le point sur l’importance du phénomène, de ses diversités et de ses implications culturelles.