Dans cette communication, nous avançons l’hypothèse que l’annulation serait aux séries ce que la mort est à la vie : un évènement qui lui est a priori extérieur, mais qui détermine pourtant sa trajectoire. Notre communication s’organise donc autour d’un double objectif : étudier l’annulation comme une ombre qui plane sur toutes les séries et qui hante leur création, mais aussi étudier les séries annulées elles-mêmes comme des séries mortes et fantomatiques. En étudiant la série Sleepwalkers (NBC, 1997), annulée après quelques épisodes, dans laquelle Naomi Watts arpente les rêves de ses patients pour diagnostiquer leurs troubles psychiatriques, ainsi que des projets postérieurs de l’actrice (et notamment ses rôles dans Mulholland Drive et dans The Ring), nous montrons comment, en mourant prématurément, la série annulée peut atteindre une forme d’immortalité ou d’in-finité, en hantant son public mais aussi les objets culturels qui lui font suite. Après une réflexion théorique sur les liens que l’on peut tisser entre mort, fantômes et annulation, et une analyse de "l'esthétique cathodique" développée dans Sleepwalkers, nous avons examiné les projets de l’actrice mentionnés ci-dessus, afin de voir ce que l’annulation, en tant qu’évènement médiatique mais aussi en tant qu’esthétique de l’absence, peut apporter à une étude de la spectralité télévisuelle.