L’enjeu principal de cet article est d’expliquer les raisons de la visibilité d’Annette Vande Gorne dans la communauté de la musique acousmatique, électroacoustique et plus globalement de la création musicale contemporaine. Notre thèse est que nous n’avons pas affaire à une exception qui confirmerait la règle, sorte de fruit du hasard. Au contraire, l’activité plurielle, à la fois musicale, esthétique, pédagogique, institutionnelle de cette compositrice relève d’une maîtrise des contraintes médiologiques, c’est du moins l’hypothèse que nous faisons. En l’occurrence, il s’agit moins de la question des réseaux (question abordée par la sociologie de l’art) que des écosystèmes technoculturels que la médiologie appelle des « médiasphères » : nous faisons l’hypothèse qu’Annette Vande Gorne a une connaissance profonde implicite ou explicite de ces écosystèmes de transmission, et que c’est ce qui justifie sa reconnaissance internationale. Nous cherchons donc à comprendre celui-ci au sens non pas qualitatif mais quantitatif : il s’agit d’un parcours non pas de femme, mais de grande professionnelle du champ de la création sonore que l’on appelle « électroacoustique » par commodité, mais qu’il convient de classer dans le domaine de la « musique acousmatique ». Notre propos n’est donc pas de qualifier la valeur esthétique de l’œuvre musicale d’Annette Vande Gorne, mais de comprendre les raisons de « l’efficacité symbolique » de son activité. Et ainsi l’on verra comment Annette Vande Gorne s’est imposée en Belgique comme une compositrice de renommée internationale, comme une créatrice, interprète et pédagogue infatigable du répertoire électroacoustique et acousmatique.