L’Union européenne peut sembler un cas sur lequel le concept de champ semble inapplicable. Avec quelques autres travaux, les recherches que Didier Georgakakis mène depuis plus de vingt ans sur les institutions européennes montrent au contraire que le concept de champ bureaucratique est particulièrement adapté à l’analyse du cœur institutionnel de l’Union européenne, mais aussi que ce terrain peut conduire à reposer et repenser certaines dimensions de l’analyse en termes de champ. L’entretien publié ici intervient dans un ensemble de publications récentes actualisant sa conceptualisation et ses résultats sur les institutions de l’UE. Didier Georgakakis y montre l’intérêt d’appliquer rigoureusement le principe selon lequel chaque nouvelle application d’un modèle oblige à poser la question des spécificités du cas étudié et développe des pistes à propos de cinq thématiques (institutionnalisation, investissement, autorité, charisme et temporalité) qui peuvent-être utiles par-delà le cas des institutions européennes.