Dans un contexte de précarisation accrue dans l'enseignement supérieur et la recherche (ESR), nous explorons comment les doctorant·es ajustent leurs aspirations face à des conditions de plus en plus incertaines (Calmand et Giret, 2020). En adoptant une définition large de la précarité comme un processus résultant d’une combinaison de facteurs économiques, professionnels et psychosociaux (Bataille et al., 2022), nous analysons comment cette vulnérabilité affecte les aspirations des jeunes chercheur·ses. Jusqu’ici, les études ont fragmenté les dimensions de la précarité, en isolant les enjeux de financement (Bonnard et al., 2016 ; Calmand et Giret, 2020), de socialisation professionnelle (Chauvac et Bes, 2011 ; Rivière, 2015) et d’instabilité géographique (Le Bayon, 2021). À partir d’une analyse mixte, nous montrons comment l’expérience de la précarité contraint les doctorant·es à ajuster leurs aspirations, en étudiant trois dimensions : les conditions matérielles, l’intégration professionnelle et les risques psychosociaux. Nous testons trois hypothèses : 1) le type de financement est un prédicteur des expériences de précarité, distribué de façon inégale selon les caractéristiques des doctorant·es ; 2) la précarité freine la socialisation académique essentielle à la carrière ; 3) le déficit d’intégration professionnelle empêche la projection dans une carrière académique.