Depuis la fin des années 2000, le collectif de designers Metahaven déconstruit les logiques graphiques corporatistes de la seconde partie du XX e siècle. Le projet [Black Transparency, The Right to Know in the Age of Mass Surveillance] promeut l'idée de « transparence noire » et la figure du leaker (« le fuiteur »), présentant le graphisme et l'information comme des armes de contestation. Se saisissant des faits de société pour renouveler les formes du graphisme d'avant-garde, ils imaginent l'identité graphique de Wikileaks pour dénoncer la surveillance massive sur le Web orchestrée par les États et les corporations numériques. Metahaven cherche alors le glamour de la désobéissance civile : les références populaires, les jeux de superpositions et les couleurs criardes incarnent une nouvelle désirabilité, dissidente et chaotique. Cette esthétique postmoderniste ravive les utopies contre-culturelles des années 1960-70, Internet étant représenté comme un espace populaire. En revendiquant une « théorie du chaos », les designers s'opposent au concept de transparence communicationnelle, qu'ils affirment comme anti-démocratique. Modernistes, ils visent l'innovation en design par la rupture, tout en défendant l'idée d'un « devenir authentique » d'Internet.