Malgré la connaissance largement diffusée des ouvrages et concepts forgés par Francisco J. Varela dans le domaine des sciences de l’éducation et de la formation, il est possible de s’étonner du fait que ses écrits n’aient pas été saisis en tant qu’ils proposent une perspective inédite pour penser les dynamiques et processus éducatifs. En effet, si les concepts d’autopoïèse et d’énaction sont au cœur de recherches s’intéressant à l’analyse de l’activité (Poizat et al., 2022) et à la conception des environnements apprenants (Durand, 2009), la perspective varelienne n’est pas associée à une théorie de l’éducation, de l’apprentissage et de la formation. Il est pourtant possible d’identifier chez Varela une voie singulière pour penser les processus d’apprentissage, ceux-ci pouvant être intégrés dans une théorie : celle d’une éducation de l’esprit. Pour la définir, il est proposé dans ce chapitre de caractériser la méthode de l’attention-vigilance dans les travaux de Varela, pour en situer le rôle sur la vie de l’esprit. Pour cela, une étude est proposée au début de ce texte sur les différents courants théoriques qui s’attachent à définir la réflexivité dans le domaine des sciences de l’éducation. L’enjeu de cette première étude est de spécifier, par contraste et comparaison avec ces théories, la méthode de l’attention-vigilance telle qu’elle est présentée dans l’ouvrage intitulé L’Inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expérience humaine (Varela et al., 1993), puis dans l’ouvrage coécrit avec Natalie Depraz et Pierre Vermersch, paru en 2003 et intitulé On Becoming Aware: a Pragmatic on Experiencing. C’est en effet à partir des fondamentaux de l’approche varelienne de l’attention-vigilance que le paradigme de l’éducation de l’esprit sera structuré, dans la troisième et dernière section de ce chapitre.