Paru à l'origine chez Claude Barbin en 1678 sans aucun accompagnement illustratif (en dehors de quelques éléments visuels sommaires : enseigne du libraire, fleurons, bandeaux avec différents motifs symboliques), le roman de M me de Lafayette, La Princesse de Clèves, a progressivement été agrémenté de figures. Elles ont été introduites en nombre d'abord très restreint. La plus ancienne, à ma connaissance, est la page de titre illustrée de l'édition in-12 clandestine publiée à Amsterdam par Jean Wolters en 1698, cinq ans après la mort de l'écrivaine, sous le titre : Amourettes du duc de Nemours et de [la] Princesse de Clèves 1 . La gravure ne prétend pas restituer un passage exact du texte : un homme et une femme marchent côte à côte dans l'allée d'un parc ; ils sont en pleine conversation. Chacun, comme l'indiquent leurs gestes, réagit aux paroles de l'autre : l'homme mène le dialogue, il prend la main de la femme qui, paumes tournées vers l'extérieur, paraît s'interroger. Sans doute s'agit-il d'incarner le couple explicitement identifié dans le nouveau titre imprimé sous la figure, plus léger et galant que l'original. La promenade reste toutefois difficilement repérable et au contraire, dans le récit, les deux personnages éponymes ont bien du mal à trouver les occasions favorables pour s'entretenir. On pourrait encore imaginer que cet homme et cette femme (se) racontent l'histoire que nous allons lire ou débattent à son sujet comme la réception de l'ouvrage en fut le prétexte 2 , dans le décor naturel du loisir lettré ou sentimental 3 . À l'orée d'un livre dont nous allons nous aussi emprunter le chemin, la gravure mettrait ainsi davantage l'accent sur la narration (son plaisir relevant des charmes de la conversation) que