Le contexte actuel et à venir de crises plurielles diminue les conditions de soutenabilité du travail. La détection et la gestion des risques psycho-sociaux constituent alors un enjeu important pour les organisations qui souhaitent s’inscrire dans une démarche de durabilité. Mais quels nouveaux outils RH mettre en place pour améliorer la QVCT, pour détecter, par exemple, suffisamment tôt les situations de souffrance au travail ? S’appuyer sur des acteurs au plus proche des salariés serait une solution idéale. Une organisation, que nous avons étudiée, a décidé de mettre en place un réseau de salariés « Sentinelles » pour répondre à cette mission. La démarche interroge toutefois, car cette mission n’incombe-t-elle pas traditionnellement aux managers de proximité ? ou aux responsables RH ? Notre problématique consiste donc à comprendre les apports d’un tel dispositif. A partir du concept de soutien social, notre étude qualitative exploratoire identifie tout d’abord la nature spécifique du soutien social apportée par les Sentinelles. Nous analysons ensuite le positionnement de cet acteur au sein du réseau « traditionnel » du soutien social organisationnel. Nous montrons que la Sentinelle ne « dispose » pas des mêmes freins qui empêchent les salariés de solliciter les autres acteurs du soutien social. Nous montrons toutefois par ailleurs les limites de ses interventions au seul soutien émotionnel. L’intérêt de notre recherche est d’étudier un dispositif novateur dans les organisations. Nous proposons enfin des recommandations pour les organisations publiques et privées souhaitant développer un tel dispositif et renforcer les apports attendus de ces « primo-intervenants » de la souffrance au travail.