Combinant Sciences de l’Environnement et Histoire Environnementale, le projet RhonePollArch a croisé les archives sédimentaires (carottes de sédiments fluviaux) et géo-historiques (cartes anciennes et données géorisques) pour retracer l’histoire et l’origine des pollutions liées à la métallurgie et aux énergies fossiles le long du corridor Gier-Rhône depuis 1970. Trois axes de recherche ont été privilégiés. L’axe 1 a permis de reconstituer l’évolution éco-hydro-sédimentaire des zones humides alluviales à partir des macro-restes conservés dans les sédiments. Trois phases ont été mises en évidence : (1) une phase dynamique dans les années 1970 caractérisée par une ripisylve diversifiée et par l’apport de sables et de micro-déchets variés (charbons, scories, microplastiques), (2) un atterrissement et un enrichissement en azote dans les années 1980-1990 suite au court-circuitage du Vieux Rhône par un barrage, (3) une augmentation du niveau d’eau à partir des années 2000 avec de nombreux taxons aquatiques, suite aux actions de restauration des milieux. L’axe 2 a contribué au traçage des polluants. Nous avons identifié une décroissance progressive des concentrations en hydrocarbures dans la vallée du Gier depuis les années 1970. Cette même tendance concerne les métaux jusque dans les années 1990, avant une ré-augmentation notable qui se poursuit actuellement. Elle semble liée à la mobilisation de matières en suspension contaminées par le cours d’eau. Les analyses des scories issues des carottes ont montré comme source principale les sites industriels de Rive-de-Gier. Enfin, l’axe 3 a analysé les relations entre industries et pollutions par une approche géo-historique des anciens sites industriels et sols pollués. Les résultats montrent une désindustrialisation progressive à partir de 1980 où la disparition des grands établissements métallurgiques est modérée en nombre par la création de plus petites entreprises. La comparaison de ces approches montre la pertinence et la réactivité des archives sédimentaires, et une certaine inertie du tissu industriel révélée par la géohistoire, toutes deux étant complémentaires pour bâtir un récit sur l’histoire des industries métallurgiques et les rejets de polluants au cours du temps.