Le site du Bois de Brède est situé dans la partie boisée de l’agglomération antique de Bridiers, au nord du quartier fouillé par F. Baret depuis 2020 et à l’Ouest de la grande nécropole antique du Champ des Urnes. Il est connu dans l’historiographie locale depuis le XIXe s. car les vestiges sont affleurants et sont visibles dans le paysage par des tas de pierres et de tuiles. Le site est composé de trois bâtiments carrés alignés du Nord au Sud et entouré à l’Ouest et à l’Est par deux vastes potentielles esplanades, dont l’organisation et la présence ont été reconnues et confirmés par les travaux de prospection (2010, 2011) et de Lidar (2017) de F. Baret. Cette configuration l’a amené à interpréter ces bâtiments comme des petits temples et non pas comme des habitations comme cela avait été évoqué par les chercheurs du XIXe s. et du début du XXe s. Cette première campagne de sondages (5 juillet au 29 juillet 2023 ; superficie sondée : 32 m²) a concerné le bâtiment central (Bat. 2). Le choix a été réalisé en fonction de l’accessibilité du bâtiment et de son état de conservation. Le sondage avait pour objectif de documenter ces bâtiments, à travers la fouille de l’un d’entre eux et donc appréhender leur fonction, leur chronologie et leur place dans l’agglomération antique de Bridiers. Cette campagne s’est inscrite dans plusieurs axes de recherche du PCR HaGal (Habitat groupe antique de la cité des Lémovices, depuis 2019 ; dir. F. Baret) : -Action 1.2. : Poursuite du renouvellement des données archéologiques -Action 3.1. : Etude de la morphologie des habitats groupés -Action 4.2. : Habitats groupés et lieux de culte Le sondage de la campagne 2023 traverse le bâtiment du Nord au Sud. Partout dans le sondage, un épais niveau de démolition (environ 0,60 m) a été évacué pendant une grande partie de la campagne. Ce niveau était composé de blocs, de tailles différentes, et contenait très peu de mobilier (quelques fragments de TCA, quelques fragments de calcaire). Il était aussi très perturbé par les racines des arbres ce qui a rendu la fouille plus fastidieuse. Le bâtiment mesure environ 6 x 6 m. L’élévation conservée des murs est importante puisque le mur Nord (M001), dont l’élévation est la plus remarquable à la fin de cette campagne, mesure 0,80 m de hauteur. Les murs mesurent entre 0,50 m (M003 à l’Est) et 0,70 m (M001 au Nord et M002 au Sud). Ils sont construits en moellons de petit appareil à face parementée liés par un mortier jaune clair, et ne semblent pas chaînés entre eux. Sur toutes les faces internes, nous avons pu observer les restes d’un mortier probablement liés aux enduits peints découverts dans le bâtiment. Dans le mur M003, à l’Est, une rupture dans le parement a permis la découverte d’une ouverture (F1.01) large de 2 m environ. Le manque de soin apporté à l’intérieur de l’ouverture, dans le mur, laisse penser que des pieds-droits en bois ou en pierre auraient pu avoir été installés. Enfin, sur la face nord du M001, des fragments de mortier blanc tiré au fer ont été retrouvés, dont certains en place. Dans l’espace au Nord du bâtiment, qui correspond à un espace (de circulation ?) entre deux bâtiments, un sol en béton (F1.02) composé d’un mortier clair et de fragments de tuiles a été découvert au pied du mur M001 (à l’extérieur du bâtiment) sous la démolition. Au-delà de ce sol reconnu sur une quarantaine de centimètres, son radiez a été mis en évidence. Au niveau du bord du sol, sur le radiez, huit monnaies ont été découvertes. Dans cet espace, de manière générale, un mobilier plus fréquent a été mis au jour : quelques tessons de céramique, des monnaies, des fragments de calcaire, des clous. Toutefois, il reste très disparate. À l’intérieur du bâtiment, un niveau d’enduits peints effondrés a été découvert dans le quart Nord-Est. Ces derniers se présentent dans tous les sens (face visible, face cachée, sur le côté), mais une partie d’entre eux est en connexion face visible et laissent apparaître des couleurs (blanc cassé, rouge, vert, noir et jaune) et quelques motifs (cercles, guirlandes ?). Une pierre de granite cylindrique est aussi installée dans ce niveau et fait penser à une colonne ou un support. La fouille de cette année n’a pas permis de déterminer si cette « colonne » est en place. Très peu de mobilier a été découvert dans le bâtiment : principalement des fragments de calcaire qui pourraient être des éléments de décor très érodés, comme cela a pu être mis en évidence sur d’autres sites du Limousin (Tintignac notamment). Cette première campagne nous livre ainsi plusieurs indices pour proposer une interprétation du bâtiment. Les décors internes et externes et la qualité de la construction soutiennent l’idée qu’il s’agit d’un édifice à vocation collective qui devait être vu et s’inscrire dans un complexe monumental public. Ensuite, bien qu’il soit encore tôt pour l’affirmer, le mobilier semble être quantitativement plus présent dans la démolition à l’extérieur du bâtiment où des fragments de céramique, des monnaies et des clous ont pu être retrouvés, alors qu’ils sont pour le moment absents dans la démolition à l’intérieur de l’édifice. Enfin, la localisation de la porte F1.01 dans le mur M003 permet d’émettre l’hypothèse d’une grande ouverture vers l’Est, élément caractéristique dans les temples gallo-romains. Ces trois indices réunis permettent de supporter l’hypothèse de F. Baret quant à la vocation des édifices : nous serions donc en présence d’un petit temple à simple cella qui fait partie d’un sanctuaire plus vaste composé de trois temples et de deux grandes esplanades. Une nouvelle campagne devrait être engagée en 2024 sur ce même sondage qui sera élargi au Sud, à l’Est et au Nord, afin de mieux comprendre la périphérie du bâtiment et sa relation avec celui au Nord. De plus, l’opération devrait bénéficier de l’intervention d’un toichographologue pour le prélèvement et l’étude des enduits peints.