Garçon /fille, etc. : catégories innocentes ? Consistent, selon une définition qui manque aux dictionnaires, en la « superfusion » de deux catégorisations l’une et l’autre couramment dites de « sexe » en français : une catégorisation psycho-sociale féminin /masculin aussi hétéroclite qu’insaisissable et une catégorisation biologique (femelle/mâle) qui réussit à faire croire que nul ne saurait s’y soustraire sans commettre un déni de réalité. Concepts redoutables qui répondent à ce qu’Orwell appelle la Novlangue dans son roman 1984 : une agglomération de signifiants ligotés ensemble et visant à créer ce que L. Wittgenstein décrit comme « un ensorcellement de l’entendement par les moyens du langage ». La « catégorie de sexe » est « une farce ontologique », pour reprendre une des plus éblouissantes formules de M. Wittig. Existant pour décourager toute pensée qui entendrait lui faire dire ce que son emmêlement fabrique, elle est profondément ingérable par quelque point de vue scientifique ou rationnel que ce soit (seuls les enfants semblant parfois s’en apercevoir). La « manœuvre conceptuelle » dit Wittig, « doit cesser » si nous voulons simplement commencer « à penser » et à « exister ». Pour cela, il faut changer la langue : Qu’attend-on pour le faire ? lançait-iel en 1982. Si le besoin d’une façon de parler et d’écrire véritablement épicène n’est aujourd’hui plus à démontrer du point de vue des communautés non binaires, il le reste encore pour le champ académique. Dans cet atelier, qui propose une solution épicène « clés en main », nous discuterons des avantages comme des problèmes qu’une catégorie hors-sexe et gender-blind offre à la réflexion en sociologie et en droit.