Parmi les saintes prénommées Catherine, nous comptons pour les plus connues en France sainte Catherine d’Alexandrie, sainte Catherine de Sienne ou encore sainte Catherine Labouré… C’est à la première, vierge et martyre et considérée comme apocryphe par le Saint Siège en 1969 que cet article s'intéresse. Le flou historique concernant sa personne n’a pas empêché aux rituels de persister, passant du religieux au séculier, et, depuis les années 1970, de résister aux critiques de certaines féministes. Sa popularité, les patronages et les rituels séculaires qui l’entourent, et précisément ceux liés aux jeunes filles à marier et aux vieilles filles, comme aux couturières, font aussi tout son intérêt. Mais qui est donc cette sainte ? Que nous révèle sa légende ? Quels rôles religieux ou moraux a-t-on fait jouer à cette sainte patronne à travers la réalisation de rituels ? Quels sens et efficacités symboliques ont ces derniers pour les femmes sous son patronage ? Quand et pourquoi sont-ils rentrés en dissonance avec certaines valeurs sociales associées au célibat et au mariage ? Cette sainte ne possède-t-elle pas une certaine disposition à être à la fois conservatrice ou progressiste, moralisatrice ou émancipée, actrice ou sujet, anti-féministe et féministe ? C’est à l’aune de ces questions que cet article cherche à saisir les différentes tensions qui existent entre ces pôles. L’interprétation proposée ici montre que cette sainte porte bien en elle la possibilité d’expressions plurielles et paradoxales.